La lecture, cette année plus qu’une autre, du magazine Challenges et de son palmarès des 500 fortunes professionnelles de France, suscite quelques questions et/ou sujets de réflexion, je crois…
Dans une année très bouleversée avec un PIB qui a reculé de 8%, et durant laquelle de très nombreuses personnes ont été durement impactées, la magazine parle lui-même d’un « constat dérangeant » en montrant que l’augmentation seule de ces 500 fortunes a été de 30% soit 300 Mds d’€…Une augmentation qui représente près de la moitié du budget de l’Etat, et trois fois plus que les budgets cumulés de l’Education et de l’Enseignement Supérieur, de la Jeunesse, de l’Innovation, de la Recherche, des Sports, autant de budgets consacrés aux nouvelles générations qui ont tant souffert dernièrement…
Le propos n’est en aucun cas une remise en question du fondement même du capitalisme qui a d’immenses vertus et notamment celle d’investir pour développer et progresser. Les investisseurs doivent être rémunérés, ils prennent des risques. Relisons malgré tout Max Weber qui écrivait que « la pulsion de profit, l’appât du gain, l’aspiration à gagner de l’argent, à gagner le plus d’argent possible, n’ont en eux-mêmes rien à voir avec le capitalisme (moderne et sa victoire). (…) Le désir de profit le plus immodéré ne peut en aucun cas être identifié au capitalisme, moins encore à son esprit. Le capitalisme peut précisément se confondre avec la maîtrise de cette pulsion irrationnelle, ou tout au moins avec le projet de la tempérer rationnellement. »…
Et si désormais, nous « classions » les entrepreneurs en fonction d’autres critères tels que l’innovation et le nombre de brevets déposés, le taux d’investissements en pourcentage du CA, la progression de l’emploi, du recours à l’apprentissage, la progression des salaires, la part de la diversité dans les effectifs (diversité en âge, en genres, en niveau de formation, etc…), et bien évidemment l’éco-responsabilité?…
Assurément, cela serait bien plus complexe à critériser.
Mais, cela montrerait au plus grand nombre le rôle social de l’Entreprise et de ceux qui lui permettent d’exister pour le bien du plus grand nombre…